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Madagascar : Changement climatique et gestion des risques de catastrophes

Madagascar se trouve parmi les pays les plus vulnérables aux chocs climatiques et aux catastrophes naturelles, en raison notamment de sa situation géographique et de sa topographie. Les sécheresses sont fréquentes dans le Sud et les inondations dans le Nord et le Nord-Est. Les pertes liées aux catastrophes climatiques sont estimées en moyenne à 1% du PIB, et peuvent atteindre jusqu’à 4% du PIB, en cas de catastrophes sévère tel que le cyclone Enawo de 2017. Selon les études réalisées dans le cadre du Programme stratégique du gouvernement pour la résilience climatique, les risques de catastrophes naturelles pourraient s'aggraver avec l'impact négatif du changement climatique, notamment avec une plus grande intensité des précipitations et des cyclones.

La pauvreté élevée, l'insécurité alimentaire, l'accès limité aux filets de sécurité sociale, et la forte dépendance à l'égard de l'agriculture pluviale augmentent les vulnérabilités du pays aux chocs climatiques, et constituent un défi pour la résilience de Madagascar. Avec la majorité de la population vivant dans l’extrême pauvreté, et 25 % de la population rurale classée en situation d'insécurité alimentaire, les catastrophes naturelles impactent les couches vulnérables de manière disproportionnée. A titre d’exemple, la sécheresse qui sévit actuellement dans le sud de Madagascar a entraîner une augmentation du nombre de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire, pour atteindre plus de 1,3 million en un an. Ces phénomènes météorologiques extrêmes entraînent une perte importante de capital physique et humain, menacent la productivité agricole, et endommagent les infrastructures physiques, perturbant ainsi l'activité économique. En outre, les catastrophes naturelles et les risques liés au changement climatique se font plus gravement sentir dans le tourisme, les aménagements urbains et les ressources naturelles, et peuvent impacter l'égalité des genres à travers la réduction de la production agricole, des revenus et de la sécurité alimentaire des femmes.

La gestion des risques de catastrophes (GRC) fait partie intégrante de la politique générale du gouvernement, et constitue un des principaux piliers du Plan Emergence Madagascar. La Stratégie Nationale de Gestion des Risques et Catastrophes 2016-2030 (SNGRC) est basée sur les principes d'implication des communautés locales, d'intégration de la gestion des catastrophes dans les stratégies de développement régionales et sectorielles, et d'incorporation des objectifs de bonne gouvernance, d'équité de genre et d'inclusion. L'objectif principal de la SNGRC consiste à établir une résilience ex-ante aux catastrophes naturelles et un plan de récupération et d'atténuation ex-post efficace, en renforçant les cadres juridiques et réglementaires et en renforçant les capacités techniques et financières. Le PEM fixe également comme priorité essentielle de renforcer la résilience gâace à un meilleur accès aux informations sur les risques de catastrophe, et identifie plusieurs objectifs spécifiques, notamment l'amélioration de la production et de la diffusion des données météorologiques et climatiques, le renforcement des systèmes d'alerte précoce, l'intégration effective de la GRC dans la politique de développement national et les politiques de développement sectorial, et l'amélioration de la gouvernance de la GRC.

Dans le cadre du nouvel accord appuyé par la Facilité Elargie de Crédit (FEC), le FMI soutiendra les efforts des autorités dans les domaines suivants :

  • Intégrer la modélisation du changement climatique dans l'évaluation des risques budgétaires, et évaluer les ressources nécessaires aux plans d'atténuation. Les risques budgétaires décrits dans l'annexe de la loi de finances 2021 (une bonne pratique instituée en 2018 avec le soutien de l'assistance technique du FAD) incluent l'exposition aux catastrophes naturelles. Avec une assistance technique supplémentaire, cette évaluation pourrait être renforcée et inclure l'impact modélisé sur la croissance d'une exposition continue au changement climatique, les risques à la hausse liés à l'investissement dans des infrastructures résilientes, et l'évaluation des ressources nécessaires pour mieux se préparer et faire face aux conséquences des événements futurs. L'AVD contient également un test de résistance lié aux catastrophes naturelles.
  • Encourager les politiques publiques de prévention et de gestion des risques de catastrophes naturelles, et la mobilisation des ressources nationales nécessaires. La mobilisation des recettes pour accroître l'espace budgétaire est l'un des principaux objectifs de la FEC et elle contribuera également aux dépenses en faveur des infrastructures et des programmes nécessaires pour renforcer la résilience.
  • Continuer à catalyser le soutien des partenaires techniques et financiers, qui apporteront les ressources financières et l'assistance technique nécessaires. Madagascar a déjà bénéficié d'importants financements exterieurs, notamment :
    • L'opération dans le cadre du CAT-DDO, une opération conjointe de la Banque mondiale pour 50 millions de dollars US et de l'Agence française de développement (AFD) pour 25 millions d'euros. L’objectif étant de renforcer le cadre national de GRC, le renforcement de la résilience financière aux catastrophes et l'intégration des risques de catastrophe et du changement climatique dans la planification territoriale et urbaine.
    • La Banque mondiale participe à des projets d'appui à la GRC, notamment à travers le projet de développement urbain intégré et de résilience pour Antananarivo, avec un montant de 75 millions de dollars US, visant à renforcer les infrastructures de protection contre les inondations et la résilience urbaine dans les quartiers les plus pauvres de la capitale.
    • L'AFD met en œuvre plusieurs programmes urbains dans tout le pays, avec un cofinancement supplémentaire de la Banque européenne d'investissement et de l'Union européenne.
    • Pour améliorer la résilience financière face aux sécheresses, Madagascar a adhéré au système d'assurance panafricain (ARC) et a reçu une compensation de 2,1 millions de dollars US en juillet 2020 pour la crise de sécheresse en cours dans le sud du pays.

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